Faut-il faire reconnaître l’enfant dyslexique par la MDPH ?
Passer par la MDPH, implique d’accepter la notion de handicap. Or, certains élèves dyslexiques ont effectué leur scolarité sans aménagement particulier, avec ou sans la bienveillance de leurs enseignants par rapport à leurs troubles, préférant même pour certains ne pas les dévoiler, par peur du rejet ou de la stigmatisation, voire de l’ « étiquetage ». D’aucuns préfèrent parfois redoubler plutôt que de bénéficier du tiers temps aux examens.
Aujourd’hui, la situation n’est pas encore idéale, peu d’enseignants sont formés, peu de médecins de ville connaissent réellement ces troubles, il n’y a pas toujours d’orthophoniste à proximité.
Alors quelle stratégie adopter : faire, ou ne pas faire reconnaître son enfant par la maison du handicap ?
Il n’y a pas de réponse unique à cette question, ni de bonne, ni de mauvaise réponse. Cela dépend entre autre :
de la sévérité de la dyslexie et du niveau des difficultés rencontrées ;
de la précocité et de la qualité de la rééducation, (d’autant plus efficace qu’elle est précoce) ;
du ressenti de l’enfant et de celui de ses parents ;
de l’environnement scolaire, enseignants compréhensifs ;
des besoins du moment (examens, coût des rééducations, coût d’une école privée…) ;
du nombre d’intervenants autour de l’enfant (enseignants, rééducateurs, éducateurs) qui ont besoin de travailler en cohérence ;
du PPS nécessaire à l’élève s’il a besoin de bénéficier d’un certain nombre d’aménagements de sa scolarité : photocopies, enregistrement des cours, utilisation d’un traitement de texte avec correcteur d’orthographe, dictionnaire électronique, absence de l’établissement pour rééducation sur le temps scolaire…
C’est à chacun de choisir sa stratégie et les diverses voies possibles.
Il faut savoir que pour les enfants dyslexiques-dysorthographiques la reconnaissance du handicap relève majoritairement de l’initiative des parents.
Dans le cadre d’aménagement aux examens, la demande devra toujours être faite individuellement pour chaque examen, auprès du médecin désigné par la CDAPH, même si le collégien, le lycéen ou l’étudiant bénéficie d’un PPS.
La décision d’aménagement aux examens est indépendante du taux de handicap. Le médecin désigné par la commission rend un avis. Les aménagements dépendent en dernière analyse de l’Education Nationale.
D’autres préfèrent passer les examens dans des conditions ordinaires.
Les difficultés de l’enfant et sa situation sont évaluées régulièrement. Si ses progrès sont jugés suffisants malgré la persistance de quelques difficultés, l’enfant devenu adolescent ou adulte n’aura plus besoin que la société compense son handicap : il ne renouvellera pas la demande de prestation. Il ne sortira cependant pas des listes de la MDPH, en effet, avoir la reconnaissance du handicap permet, à n’importe quel moment d’instruire une nouvelle demande.
D’aucuns peuvent craindre l’inscription à ce fichier.
Il faut savoir aussi que même si la famille reçoit l’AEEH, le PPS n’est pas automatique, il doit faire l’objet d’une demande spécifique de la famille.
L’enfant peut aussi bénéficier d’un PPS sans pour autant relever de l’AEEH (si son taux de handicap est inférieur à 50%).
Cas particulier si l’école met en évidence un besoin et qu’elle demande à la famille de saisir la MDPH, celle-ci a 4 mois pour le faire. Si au bout des 4 mois la MDPH n’est pas saisie, le directeur en informe l’Inspecteur d’Académie qui le signale alors à la MDPH. Celle-ci doit alors mettre en place une négociation, par l’intermédiaire d’un médiateur, pour amener la famille à faire cette saisie. Seule la famille peut saisir la MDPH. Cela peut poser problème lorsque celle-ci a du mal à admettre le handicap de son enfant ou dans des milieux défavorisés.
Sans passer par la reconnaissance d’un handicap, le PAI, projet d’accueil individualisé reste possible : lorsque les aménagements prévus pour la scolarité d’un élève, ne sont pas d’ordre pédagogique et ne nécessitent pas de demandes particulières auprès de la MDPH, un PAI (projet d’accueil individualisé) peut être élaboré en concertation avec le médecin scolaire qui veille au respect du secret médical.
Si nécessaire, le projet d’accueil individualisé est révisé à la demande de la famille ou de l’équipe éducative de l’établissement scolaire concerné. Hormis les aménagements prévus dans le cadre du projet individualisé, la scolarité de l’élève se déroule dans les conditions ordinaires. Le PAI peut en particulier être demandé pour permettre à l’élève de bénéficier d’une rééducation sur le temps scolaire, de photocopies, d’un aménagement de la durée de composition en classe ou d’une réduction de la longueur des évaluations…
La mise en place d’un PAI est beaucoup plus légère du point de vue administratif que celle d’un PPS : c’est un projet interne à l’établissement scolaire. Un changement d’établissement (ex : entrée au collège, entrée au lycée…) ne garantit pas la prolongation du PAI.